ZENO BIANU, POÈME

ma musique vient du jour

elle est un hommage

à la lumière du jour

le jour en révèle

tous les pigments

je tombe dans le jour et je vois

le reflet tremblant des lampions

dans les flaques de néant

* * *

je descends voir

ce que les autres ne voient pas

tombé abandonné basculé cassé chu

défailli descendu

dévalé effondré

renversé abattu abîmé accompli envolé

éteint déposé succombé trébuché versé

jamais jamais

je ne serai

un objet de plus dans le monde

* * *

je joue au bord du silence

chaque note a sa pesanteur

son apesanteur particulière

je ne bavarde jamais

je n’aime pas le brio

le brio c’est toujours l’égo

et ses vieilles lunes

je préfère jouer vers autrui vers l’autre

tendre sereinement mon coeur

oui ma musique s’envole vers autrui

c’est un art de l’envol quoi d’autre

* * *

je tombe

mais je monte comme un ange

je descends

jusqu’au fond du ciel

je ne sens

aucune douleur

aucune

la vie est vivante

si vivante

Chet Baker (déploration) / préface d’Yves Buin.

– Le Castor Astral,


7 réflexions sur “ZENO BIANU, POÈME

  1. J’étais venu te lire pour retrouver un peu de bon sens, puis je suis tombé sur ce texte me faisant tourner la tête,étourdi j’ai lu et relu, avec ce sentiment d’impuissance parfois ébloui, par moment aigri,un moment émerveillé, je m’en retourne car j’ai aimé…. Bises mon amie.

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    1. Je comprends ta réflexion sur ce poème car il nous provoque et nous attire en même temps. J’ai découvert ce poète, il y a peu et je trouve intéressant sa façon de nous interpeller, même s’il ne provoque pas en moi l’émotion que je peux ressentir avec d’autres, Merci d’avoir lu jusqu’au bout mon ami. Bises de bonne nuit.

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